Les bourses, c’est pas automatique !

Les bourses, c’est pas automatique !

Annoncée comme une simplification, cette énième réforme alourdit le travail des personnels administratifs et crispe les relations avec les familles. Mal préparée, elle rate son objectif.

Une simplification, vraiment ?

Un décret paru le 4 avril 2024 instaure l’étude automatique des bourses dès l’inscription de l’élève dans un établissement scolaire du 2nd degré. Cette réforme devait simplifier les démarches pour les familles et faciliter l’étude des dossiers par les personnels administratifs et les services académiques des bourses.

A&I UNSA a alerté dès l’annonce de cette réforme : une application qui « parlerait » en quelques semaines directement aux services des impôts ? Quand on connaît les difficultés techniques rencontrées par Op@le, AplyPro ou RenoiRH, il était évident pour A&I UNSA que cette « simplification » engendrerait de nouvelles difficultés pour les personnels administratifs en EPLE.

Encore une réforme mal anticipée !

Dès les premières annonces, les familles ont pu croire au miracle du « consentement » : juste une case à cocher et des états civils à inscrire dans le dossier. Magie ou mirage ?

Pour les personnels, pas de magie : des communications aléatoires en forme de Webinaire, formation ou simplement diffusion de documents « pas à pas » ou encore du guide « fil conducteur » Di@man de 84 pages !

Surtout, des délais impossibles à tenir pour digérer cette nouvelle procédure notamment pour les lycées qui ne connaissaient pas le logiciel Di@man.

A&I UNSA dénonce une réforme au pas de course sans réelle formation pour les collègues qui doivent débusquer les informations pertinentes dans les dizaines de documents diffusés.

Des difficultés techniques en série

Aucune saisie n’a pu être faite avant le 11 juillet (veille des congés d’été) pour cause de mise à jour de la base Siècle !

Des consentements à saisir avant le 20 septembre alors que la campagne de bourse dure jusqu’au 17 octobre.

De nombreux dossiers en erreur à corriger avant de faire l’automatisation et donc appel des familles, demande de documents…

Indisponibilité de l’application Di@man jusqu’au 5 septembre et de nombreux bugs dans les jours suivants.

Impossibilité de lancer le traitement automatique avant le 23 septembre.

Traitement « automatique » qui prend du temps : 24 à 48 heures pour, en définitive, avoir à traiter la majorité des dossiers manuellement…

Une réforme qui passe mal : les serveurs se parlent mais ne s’entendent pas !

Résultat : de nombreux dossiers à instruire manuellement en réclamant les attestations CAF (pour contrôler les parents isolés) et avis d’imposition non disponible alors que les familles l’ont reçu.

C’est ça la « magie » d’un traitement automatique à l’Education nationale : la « simplification », ce n’est jamais pour les personnels !

Cette situation, née du déploiement précipité de logiciels dysfonctionnels, ne vous dit rien ?! Si nous étions au théâtre et que c’était une première, nous pourrions en sourire. Si c’était une dernière, nous pourrions même être tentés d’applaudir (ouf, c’est fini !). Le problème de ce triste spectacle, en forme de « comique de répétition », c’est que le spectateur (la famille) mécontent a tendance à huer les acteurs (les personnels), pas les auteurs anonymes (l’Administration) du « navet » !

Pourtant, en reprenant une formule antique dans son étude de 2023 sur l’action publique, le Conseil d’Etat rappelait « qu’on fait toujours assez vite ce que l’on fait bien ».

Ironiquement, nous pourrions dire qu’il est urgent de s’emparer de cette sage formule ! De notre capacité à nous en saisir dépendent la qualité de vie au travail des personnels et l’efficacité des politiques publiques.

A&I UNSA appelle donc à changer de méthode : chacun, personnel et usager, s’y retrouvera.