Congrès 2021
Le complément au rapport d’activité

Congrès 2021
Le complément au rapport d’activité

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Bonjour à toutes et à tous

Ce congrès est en tout exceptionnel, et ce pour deux motifs :

  • Sur le fond, ce congrès se déroule à un moment clef de l’évolution de l’organisation de la République et des règles qui régissent ceux qui la servent avec un gouvernement qui a la volonté d’aller vite loin et fort, tant en matière d’organisation de la fonction publique, (loi de transformation de la fonction publique) que d’organisation territoriale (Loi 4 D) ;
  • Sur la forme, après une année de report, ce congrès fait le pari d’une hybridation imposée par les circonstances sanitaires. En effet, certains d’entre-nous ne sont là que par leur image. Ils n’en ont que plus de mérite, alors qu’en plus de la frustration de ne pouvoir être avec nous, ils subissent la contrainte, s’agissant de nos amis d’outre-mer, des décalages horaires. Qu’ils soient remerciés de leur présence j’espère qu’ils pourront suivre pour le mieux l’ensemble de nos débats.

Ce jour sans fin de la pandémie dont nous espérons atteindre enfin le crépuscule est un moment pour beaucoup de découragement, de morosité, de meurtrissures, voire de drames. Ma participation à la journée internationale des personnels de soutien éducatif m’aura également permis d’avoir meilleure conscience de la précarité qui est la règle dans beaucoup de pays du monde s’agissant des métiers que nous exerçons.  

Ne doutons pas non plus que ce jour sans fin aura été, conjugué aux mauvais coups de ce gouvernement contre le rôle des organisations syndicales dans la fonction publique, un facteur de désintérêt au pire ou d’attentisme au mieux pour un nombre pas négligeable de collègues qui n’ont pas renouvelé leur cotisation ou pas franchi le pas de venir à nous. Comme si ce n‘était pas suffisant, notre employeur a de plus convaincu beaucoup de nos collègues de son mépris en gérant dans beaucoup d’académies de manière inadéquate pour ne pas dire lamentable la mise en œuvre du télétravail et la reconnaissance financière au travers de la palinodie que fut l’instauration d’une prime COVID. Tout cela aura contribué à une ambiance délétère peu propice à l’action syndicale.

Cependant, si nous nous sommes dotés collectivement d’un plan de développement, c’est bien que nous n’avons pas l’intention de nous contenter de regarder les hommes et les femmes tomber mais bien de relever le défi.

Relever le défi, c’est bien ce à quoi nous auraient encouragé quelques grands anciens que la mort a emportés. Je ne voudrais pas introduire ce congrès sans évoquer à nouveau leur mémoire car ces anciens furent partie prenante de la jeunesse de notre syndicat.  Jean-Michel Despouy, Marcel Oltra mais aussi Guy Lapeyre, Bernard Masson, Michel Tarrone, autant de collègues qui, chacun avec leur personnalité et à leur place, ont contribué à faire de nous ce que nous sommes.

Je sais que pour celles et ceux qui ont eu le plaisir de les connaître et de travailler avec eux leur souvenir est encore bien présent.

Car le syndicalisme, c’est autant affaire de cœur que de raison. Un syndicat, c’est un organisme qui ne se résume pas au formalisme juridique qui assure la nécessaire régularité de son fonctionnement. Pendant les trois jours qui viennent, c’est cet organisme tout entier qui va se mettre en branle, non pas comme une seule femme ou un seul homme qui n’auraient que les talents d’un robot mais bien comme des femmes et des hommes mettant leur cœur et leur esprit au service de l’action collective.

Pour un syndicat, l’intelligence est collective ou n’est pas. L’intelligence de l’un qui ne tendrait qu’à avoir raison contre l’autre manquerait son objectif, qui est de convaincre l’autre qu’on a raison. Il est des manières imbéciles d’avoir raison. Gardons-nous, et moi le premier, de cette destructrice prétention.

A propos de prétention, dans un éditorial récent j’avais été tenté de paraphraser Wells, rapprochant ceux de notre espèce à ses Martiens de la Guerre des Mondes :  « Les hommes, intellects vastes, calmes et impitoyables, considéraient la terre avec des yeux envieux, dressaient lentement et sûrement leurs plans pour la conquête de leur propre monde […] » L’analogie est simplificatrice mais il y a bien dans cet orgueilleux et aveugle plaisir de forcer la nature, que nous voyons à l’œuvre en tant d’endroits du globe, une prétention à soumettre la planète à la seule volonté d’une espèce, la nôtre, cet esprit de conquête se montrant le plus souvent volontairement ignorant des conséquences.

Du point de vue du pouvoir politique, un exemple particulièrement calamiteux en fut donné récemment par Donald Trump. L’assassinat par le feu de l’Amazonie par son comparse Bolsonaro au Brésil, toujours au pouvoir, en est un autre et tragique exemple.

Dans ce contexte méphitique, l’arrivée de Joe Biden, « Joe le Taxeur », qui réintègre l’accord de Paris et s’en prend aux multinationales avec un projet de taxation internationale est un courant d’air frais dans un marais fétide.

 Personnellement, je ne sais pas si l’écologie doit forcément s’incarner dans un ou des partis politiques. En revanche, il est évident que nous avons besoin d’une écologie politique.  Dans nos secteurs d’intervention, il faut espérer que la dimension écologique trouve et trouvera de plus en plus et de mieux en mieux à s’incarner dans les services et en priorité dans les établissements scolaires que ce soit bien entendu au travers des enseignements dispensés mais également par le souci du développement durable qui ne devrait plus être ignoré par les personnels en charge de la gestion que nous représentons.

Ainsi, la formule « ne pas faire de politique mais agir sur le politique », au travers de la préoccupation écologique et loin des engagements partisans, peut-elle trouver une pleine et entière signification.

Des engagements partisans, certes oui, nous n’en n’avons pas.

Mais cela ne signifie nullement que nous ne prenions pas parti, car toutes les formules, oserais-je dire toutes les élucubrations politiques ne sont pas compatibles avec nos valeurs, qui sont celles de l’UNSA.

A ce propos, face au choc qu’a représenté l’annonce de l’engagement au Rassemblement National de responsables de fédérations de l’UNSA, nous ne pouvons que saluer les réactions sans ambiguïtés qui furent celles, chacune à leur moment et à leur place, de Luc Farré de Frédéric Marchand et de Laurent Escure. Ne pas faire de politique ce n’est certainement pas, du point de vue des valeurs démocratiques et républicaines de l’UNSA, être apolitique. Les idées propagées par le Front National, fût-il rhabillé en « Rassemblement » pour mieux tromper son monde dans un bel élan unanimiste, sont fondamentalement celles de la tradition d’extrême droite française pour ne pas dire européenne. Certes oui, Marine Le Pen est sans doute une habile étalagiste qui n’hésite pas en bonne commerçante à virer quelques paires de chaussures, modèle Julien Odoul par exemple, lorsqu’elle s’aperçoit que la paire d’exposition est trop lourde et crottée de boue.

Mais pour le reste, le pas de porte repeint qui donne accès au fonds de commerce et à ses remugles nauséabonds, ce n’est qu’un camaïeu habile, variation sur une même couleur, celle de son père.

Oui, l’ennemi du moment et à venir, c’est bien l’extrême droite car sur l’échiquier des extrêmes, seul cet extrême-là semble pour notre malheur en position de gagner. Mes chères et chers collègues, ne faisons pas de politique mais ne nous trompons pas d’ennemi. 

Il est clair qu’agir sur le politique, si le politique s’incarnait en un ennemi idéologique opposé aux valeurs qui sont les nôtres, nous poserait de grandes difficultés car cela irait à l’encontre de tout ce qui a fait et qui fait encore notre syndicalisme, celui du partenariat social, celui du dialogue avec les responsables politiques que sont les ministres, ministres qui sont également, comme chef de leur administration, les représentants de notre employeur, l’Etat. Il est certain que si par mauvaise aventure, nous nous retrouvions face à des ministres Rassemblement National et par là-même ennemis idéologiques, les regarder comme les simples représentants de notre employeur n’irait pas sans lourdes interrogations et conséquences.

Car, comprenons-nous bien, il convient ici de ne pas confondre adversaire et ennemi.

Nous n’avons jamais refusé, à l’inverse de nombre de nos concurrents, de travailler avec un gouvernement et des ministres qui peuvent s’avérer être, pour tout ou partie de leur action, des adversaires. Il n’empêche que s’agissant des valeurs fondamentales qui fondent la République et la démocratie, ce ne sont pas des ennemis.

Au moment où Jean-Michel Blanquer nous propose un protocole sur la revalorisation et la reconnaissance des métiers et personnels que nous représentons, il n’est peut-être pas inutile de revenir sur quelques accords qui furent passés jadis avec plusieurs ministres successifs.

En 2003, le directeur de cabinet de Luc Ferry, Alain Boissinot, nous proposait un programme de travail où figurait notamment régimes indemnitaires, résorption de la précarité, situation de la catégorie B mais également l’amélioration des régimes indemnitaires avec un travail sur ce qui s’appelait à l’époque les IAT qui concernaient essentiellement les collègues de catégories C.

En 2008, Xavier Darcos et Jean-Yves Rocca apposaient chacun leur signature sur un programme ambitieux qui couvrait tout le champ de notre action syndicale et comportait le dossier sensible et essentiel de la fusion des corps de catégorie C et de catégorie B d’administration centrale et de services déconcentrés ainsi que la question du suivi du recrutement des attachés par la voie des IRA, et, de nouveau, l’amélioration des régimes indemnitaires pour C, B, A.

En 2009-2011, les mêmes apposaient leur signature sur un accord entérinant les avancées indemnitaires dans le cadre contraint de la PFR « prime de fonction et de résultat » qui permettait à notre syndicat de réaliser un joli coup, et ainsi s’attirer les foudres d’un journal comme le Figaro dénonçant une dénaturation inadmissible de la belle PFR Sarkozyenne : alors que le taux de base de la part « résultat » était fixé à 0, nous réussissions à conduire le ministre à la fixer au minimum à 1 y compris pour les personnels logés qui normalement n’auraient eu droit à rien. Eh oui, pour A&I, aucun collègue ne vaut 0 !

Ces quelques exemples sont là pour nous convaincre s’il en était besoin que ce qui fait la force de notre syndicat, par-delà les aléas politiques, c’est la défense opiniâtre de tous les personnels de toutes catégories dans tous les secteurs que nous représentons.

Certes oui, l’exercice n’est pas toujours simple et à l’heure même où nous posons des jalons essentiels pour l’avenir de nos collègues avec le ministre de l’Éducation nationale de la jeunesse et des sports, j’y reviendrai, nous nous heurtons au silence méprisant de sa collègue de l’enseignement supérieur en dépit du fait qu’à plusieurs reprises, elle nous avait donné des gages. Nous savons que par les vertus de la LRU, mesdames et messieurs les ministres de l’enseignement supérieur se sont condamnés à termes plus ou moins brefs à n’être plus que des secrétaires d’Etat aux collectivités sans territoires que seront devenus les établissements d’enseignement supérieur. Toutefois, cela ne les exonère pas, en qualité de chef d’une administration, de leur responsabilité vis-à-vis des fonctionnaires d’Etat que sont les personnels de l’AENES. J’invite donc nos collègues de la commission de l’enseignement supérieur à réfléchir sur ce que j’ai appelé, dans un communiqué récent, « le silence de la froideur et de l’indifférence ». Je vous en prie chères et chers collègues, Madame la ministre Frédérique Vidal qui naguère m’affirmait vouloir veiller « à la situation indemnitaire » et « à la structure des emplois  » de l’AENES est visiblement mal obéit : nous, syndicat de l’administration, aidons-là à reprendre la main sur son administration !

Son administration, il est indéniable que Jean-Michel Blanquer l’a en main. Même s’il convient de rester prudent car tout n’est pas gravé dans le marbre, la simple honnêteté doit nous conduire à reconnaître qu’il a tenu pour l’essentiel ses engagements. Et pourtant, on ne peut pas dire que cela fut simple dès le départ. La première entrevue en 2017 avec celui qui était alors son directeur de cabinet laissait mal augurer de la signature voire de la seule mise en œuvre d’un quelconque programme de travail.

Force est de reconnaître que les choses ont bien évolué depuis. Sans doute la volonté sans faille que nous avons mis à obtenir des engagements en notre qualité de premier syndicat des personnels administratifs de son ministère aura fini par convaincre le ministre et son entourage de travailler avec nous. Dans le rapport d’activité sur la période 2016-2021, nous écrivions, je cite pour partie : 

Finalement, la méthode UNSA, responsable et constructive, aura porté ses fruits (…)

Après avoir obtenu en janvier 2020 des engagements fermes de la part du ministre pour tous les personnels administratifs, A&I UNSA a obtenu, un an après, en dépit des obstacles générés par la crise sanitaire, une première mise en œuvre concrète de ces engagements dans une perspective pluriannuelle qui sera un des combats du prochain mandat 2021-2025 : Repyramidage de la filière administrative C B A ; Revalorisation Indemnitaire ; Evolution des métiers.

Grâce à ces annonces du ministère, nous allons maintenant travailler à la deuxième étape qui est celle de la concrétisation pour 2021 et les années à venir(…)

Quoi qu’il en soit, dès à présent, ces nouvelles avancées obtenues que nous porterons pour l’ensemble des catégories C, B, A, titulaires et contractuels et qui engagent le ministre, sont à porter au crédit de l’action constante et déterminée qu’a mené seul A&I UNSA tout au long de ces derniers mois auprès de notre employeur. »

A l’heure où je vous présente ce complément, la deuxième étape est acquise, vous l’avez eu sous les yeux avec le courrier du ministre qui a été diffusé aux adhérents d’abord, à l’ensemble du champ syndical ensuite.

Ce courrier est sans ambiguïté sur la ligne qui a été tracée dans l’agenda social avec le seul A&I UNSA d’abord, avec les autres partenaires syndicaux ensuite.

Vous n’ignorez pas que cette préséance accordée à A&I, qui n’est que la marque de la continuité d’action de notre syndicat comme je le rappelais précédemment, aura suscité l’ire de nos adversaires – devrais-je dire dans leur cas, nos ennemis ? – de FO. J’ai été notamment caricaturé en une espèce de gigolo dansant avec le ministre. Sur ce mauvais dessin, il me semble que j’ai plus de ressemblance avec Laurent Escure qu’avec moi-même : je prends ça pour un compliment, et fermons le ban.

Que les plus éloignés de nous par la pratique syndicale gesticulent, c’est tout à notre honneur. Reste le plus important car si le secrétaire général que je suis danse avec le ministre, je sais que le syndicat que je représente ne s’en laissera pas conter.

Conserver lucidité et esprit critique : c’est tout le sens de notre communiqué envoyé à l’ensemble de nos collègues dont je vous invite à bien peser les mots, mots qu’il n’est peut-être pas inutile que nous nous remettions en mémoire :

  • La prise en compte de l’évolution récente et à venir des missions et des métiers, qui pour nous doit garantir entre-autres l’appartenance à la fonction publique d’Etat face aux ambitions collectivités locales ;
  • La mise en place d’un accompagnement des parcours professionnels des personnels de la filière administrative et le renforcement de leur formation initiale et continue, qui pour nous doit permettre à chacune et chacun de développer une carrière complète, de C en A ;
  • Un plan de requalification de la filière administrative, qui pour nous doit se concrétiser par un nombre significatif de requalification sur postes de C en B et de B en A ;
  • La revalorisation des personnels de la filière administrative, qui pour nous implique l’équité indemnitaire entre académies et avec les autres ministères. A noter que pour la première fois, un engagement ferme est pris contre les abattements indemnitaires excessifs qui frappent les personnels logés. 

Au sein d’un ministère sous-administré, ce programme ne fera pas disparaître la nécessité des créations de postes pas plus qu’il n’effacera, au sein d’une fonction publique malmenée, l’exigence de l’abandon du gel du point d’indice. Il n’en constitue pas moins une étape nécessaire et indispensable pour toute notre filière, tous nos métiers : de cela il faut donner acte au ministre.

Vous comprendrez qu’avec cette dernière phrase, je sois convaincu qu’il faut s’engager désormais dans la troisième phase, qui doit conduire à la signature d’un protocole que le ministre souhaite pouvoir mettre en œuvre dès cet été. Bien sûr, cette volonté de protocole signé rapidement n’est pas exempte de calcul politique en faveur de ce gouvernement, nous ne sommes pas naïfs.

Cependant, comme nous avions jadis signé avec un ministre de Nicolas Sarkozy dont nous critiquions par ailleurs la politique, pourquoi nous interdirions-nous de signer avec un ministre d’Emmanuel Macron, du moment que la négociation aboutit à des résultats conformes à nos mandat ?

Alors, certes oui, il y a avec ce gouvernement le lourd contentieux de la loi de transformation de la Fonction Publique. Mais avec le gouvernement de Nicolas Sarkozy, nous avions eu le contentieux de la LRU, tout aussi lourd et dont nous constatons toujours les effets délétères. Il en va ainsi de la vie et des œuvres des syndicats : ils ne font pas la politique de la République et ne choisissent pas le terrain sur lequel ils devront se battre. En revanche, pour notre syndicalisme en tout cas, dans le cadre des valeurs républicaines que nous défendons, lorsqu’il s’agit de discuter avec un gouvernement dont nous ne remettons pas en cause l‘assise républicaine, il est hors de question de laisser passer les occasions d’améliorer la situation morale financière et matérielle de nos collègues.

C’est pour cela qu’avec notre fédération, nous avons négocié et réussi à limiter le plus possible les effets négatifs de la loi de transformation de la fonction publique, qu’il s’agisse de la constitution des CAP, qui respectera notre champ syndical, que du maintien de l’équivalent des CTSA, qui autorisera une vraie représentation de nos collègues dans les services académies.

De tout cela, vous allez discuter au sein des commissions et il nous faudra en tirer toutes les conséquences pour l’écriture de notre résolution générale.

Compte tenu des enjeux, je vous demanderai également un mandat m’autorisant expressément à continuer le dialogue avec le ministère afin d’aboutir à la signature d’un protocole donnant force effective aux engagements exposés dans le courrier. Cette signature, vous le savez déjà, nous y mettons des conditions, qui sont celles d’arbitrages interministériels à la hauteur des ambitions affichées et l’inscription du protocole dans une perspective pluriannuelle garantie. 

S’agissant maintenant plus particulièrement du travail en commissions, je le souhaite le plus fructueux possible et je voudrais à cet effet attirer votre attention sur quelques points d’achoppements possibles. Je ne sais pas s’il y a de faux débats mais il y a indéniablement des débats stériles. Je souhaite ici en soulever quelques-uns.

Sur la question de l’équité indemnitaire logés non-logés, il faut avoir conscience des obstacles réglementaire qui s’imposent pour mieux pouvoir les contourner. Le décret RIFSEEP impose un plafond maximum et donc un abattement pour les personnels logés. La seule solution réside dans ce que nous avons négocié avec la DGRH : obtenir la réduction la plus forte possible de l’abattement de manière égalitaire, ce qui s’inscrit dans notre revendication générale d’équité indemnitaire entre académies. Il faut noter que le RIFSEEP autorise ici un jeu avec les plafonds que la PFR, bloquée au taux 3 pour les logés, ne permettait pas. Profitons-en, intelligemment… 

Sur la question récurrente de l’adjoint gestionnaire, les insatisfactions s’agissant du nom sont légitimes. Permettez-moi cependant de les juger à nouveau accessoires par rapport à l’essentiel qui consiste à obtenir l’égalité de dignité, oserais-je dire, entre les deux adjoints du chef d’établissement. C’est là-dessus qu’il faut impérativement travailler, et revendiquer une réécriture du code de l’éducation en faisant disparaître le distinguo adjoint sur les missions, adjoint sur les fonctions. Par ailleurs vous n’ignorez sans doute pas qu’en droit civil nous ne sommes pas propriétaire de notre nom de famille. Toute chose égale par ailleurs, il en va de même pour un nom de métier, nous n’en sommes pas propriétaire. Enfin, et je ne doute pas que vous en ayez pleinement conscience, il faut veiller à ce que les réflexions légitimes sur le métier d’adjoint gestionnaire n’occultent pas les revendications toutes aussi légitimes des autres personnels administratifs C, B, A qui travaillent en EPLE.

Travailler à la promotion des adjointes et adjoints gestionnaires, c’est travailler pour toute l’équipe administrative de l’EPLE.

S’agissant de la loi 4 D, je ne sais si tout le monde est convaincu par le communiqué publié en commun avec le SNPDEN, qui doit être l’amorce d’actions conjointes à venir ce que la fédération a initié en lançant une action de sensibilisation des élus.  Ce que je peux vous dire, c’est que la nouvelle rédaction du 32 devenu 41 est le moins pire des compromis que nous puissions obtenir. Je crains que sur cette question nous n’ayons guère que le ministre et son administration comme allié véritable. Il est à peu près certain que nombre de sénateurs, qui représentent avant tout les élus locaux qui sont leurs électeurs, ne sont pas satisfaits de ce texte. Nous risquons, au cours du débat qui va s’engager, d’être une variable d’ajustement. Il faudra donc tout le poids du gouvernement et de la majorité actuelle de l’Assemblée nationale pour tenir le choc, sachant que l’offensive impliquera, avec la santé scolaire, d’autres organisations de notre fédération.

S’agissant du couple décentralisation / déconcentration, l’arrivée des collègues de Jeunesse et Sports, que vous aurez l’occasion de traiter en commission en démontre à nouveau tous les enjeux et la complexité. De manière plus générale, il est peut-être utile de rapidement faire un état de la question.

Quant à l’administration centrale, elle semble être dans un entre-deux, quelque chose comme une crise d’identité qui n’en finit pas.

En étant très synthétique, nous pouvons affirmer deux choses :

  • D’une part, l’administration de l’éducation nationale de la jeunesse et des sports est de plus en plus déconcentrée avec des structures décentralisées de plus en plus autonomes au travers des EPN qui lui sont rattachés et qui, ne l’oublions pas, font partie de notre champ ;
  • D’autre part, l’administration de l’enseignement supérieur est de plus en plus décentralisée avec des établissements de plus en plus autonomes avec une action des service déconcentrés de plus en plus subsidiaire.

Quels constats pouvons-nous en tirer ?

A l’éducation nationale, la déconcentration implique que le ministre délègue son pouvoir aux rectrices et recteurs qui délèguent leur signature aux DASEN (mais ces délégations de signature, dans la pratique, reviennent de fait à des délégations de pouvoir qui ne disent pas leur nom) Or, un ministre qui délègue son pouvoir ne peut plus directement intervenir sur les domaines qu’il a délégué : d’où les disparités académiques et la frustration parfois de nos équipes locales. Je sais que des conflits se font jours entre les recteurs et les équipes académiques. Exemple récent : les feuilles de route RH. La situation est parfois également difficile pour nos collègues qui travaillent en service placés de plus en plus en position d’exécutants pris entre deux feux. C’est pour cela que nous continuons d’exiger du ministre qu’il fasse usage de son pouvoir d’instruction et d’organisation, qui est toujours sa prérogative sachant qu’ensuite tout se jouera en académies.

Dans l’enseignement supérieur, depuis la LRU, les ministres ont les mains coupées. Les établissements qui sont au sens strict des structures décentralisées techniques de l’Etat tendent de plus en plus à devenir des structures décentralisées politiques, des « collectivités locales sans territoires ». Il faut donc réfléchir à « la manière de faire » et aux personnalités et instances qu’il convient de convaincre (enseignants chercheurs, présidents d’université, CPU) trouver des alliés et convaincre du bien-fondé de la place d’une administration générale au sein de l’université incarnée par la filière administrative.

Dans ce contexte, la demande du SNPTES de réintégrer l’UNSA Education qui sera discutée en son temps dans nos instances avant de faire l’objet d’une décision fédérale, n’est pas sans incidence.

S’agissant de la question de l’interministérialité, nous sommes pour l’instant dans une Impasse. Même si les adjoints administratifs et les secrétaires administratifs ont vocation à couvrir tout le champ administratif par la voie de la mobilité, ce ne sont pas des corps interministériels au sens « CIGEM des AAE ». La perspective d’obtenir un CIGEM des B et des C s’éloigne. L’interministérialité n’est pas regardée comme un moteur de la réforme de la fonction publique en général et de l’Etat en particulier par ce gouvernement, qui pense avant tout « contractualisation » et « fonctionnalisation ». Telle qu’elle est posée actuellement, nous ne voyons guère, une fois passé l’effet d’aubaine incontestable du CIGEM pour les AAE (HEA de la HC), que les inconvénients de l’interministérialité, notamment l’obligation lorsqu’il faut négocier du B vers le A, de passer par Bercy et le guichet unique. Faut-il en rester là ? Faut-il pour autant abandonner nos exigences ? Bien sûr que non ! D’où l’importance de notre implication au sein de l’UNSA Fonction Publique, qu’il faut développer, sur cette question qui demeure essentielle.

Au terme de ce complément, une phrase me vient à l’esprit : notre complexité et diversité dans un monde complexe et divers. Ce n’est pas exagérer de dire que nous sommes sans doute le syndicat le plus complexe et le plus divers de notre fédération que cela soit en termes de catégories, de métiers ou de secteurs. Cela induit sans doute, en ces temps difficiles, une plus grande fragilité, une plus grande vulnérabilité. Mais c’est aussi une richesse et une chance. Le plan de développement que nous nous sommes donnés doit nous permettre d’avancer. Certes, il ne compensera pas à lui tout seul les calculs utilitaristes de certains de nos collègues : à quoi bon désormais me syndiquer si le syndicat ne peut plus rien pour moi en termes de mobilité et de carrière ? Cependant, en nous obligeant collectivement à la lucidité, il nous aidera à construire des réponses adaptées.

Je terminerai ce déjà long prélude par une citation de Jean Claude Carrière que j’affectionne particulièrement et que je vous ai déjà servie : la scie doit être de biais pour pénétrer le bois « il ne faut surtout pas appuyer fortement la lame de la scie mais la poser sur le bois et laisser les dents de métal trouver d’elles-mêmes le droit chemin de la morsure. »

Mes chères et chers collègues, j’invite chacune et chacun à méditer et faire sienne cette belle formule d’une si belle intelligence. Je vous souhaite, je nous souhaite, un excellent congrès.