Etat des lieux sur les conditions de travail des personnels administratifs dans les services déconcentrés en janvier 2023

Etat des lieux sur les conditions de travail des personnels administratifs dans les services déconcentrés en janvier 2023

Un grand nombre de personnels administratifs des services déconcentrés, épuisés et désabusés, nous alertent sur la charge de travail croissante sans moyens supplémentaires.

Causes :

  • Les suppressions de postes des années passées ;
  • Les nouvelles politiques ministérielles qui doivent être appliquées en urgence sans réelle prise en compte des réalités du terrain ;
  • Les logiciels obsolètes sources d’erreur et de perte de temps ;
  • La perte d’attractivité de l’ensemble des métiers de l’Education nationale qui engendre un recrutement massif de contractuels dans une période restreinte.

Conséquences :

  • Un grand nombre de congés maladie, de burn out. Ceci ne concerne pas seulement les gestionnaires mais également les cadres intermédiaires, placés entre le marteau et l’enclume, qui essaient de protéger leurs collègues tout en devant rendre compte à leur hiérarchie.
  • Une fuite des personnels des services les plus surchargés vers d’autres services ou ministères, remplacés par des contractuels qui ne restent pas longtemps sur les postes car ils fuient eux aussi vers d’autres administrations qui leur proposent des emplois mieux rémunérés et des conditions de travail plus acceptables.
  • Une perte de technicité, les personnels en place sont parfois tous nouveaux.
  • Une désorganisation des services.

Exemples de services concernés par la dégradation des conditions de travail :

  • Les services des examens et concours ont été les premiers touchés en pleine pandémie avec la réforme du baccalauréat. Un bon nombre d’entre eux ont rapidement obtenu leur mutation après cet épisode et d’autres sont encore en attente. Cette fuite avait déjà débuté avec la réforme territoriale car le projet de certaines régions académiques était d’en faire un service régional. De nombreux postes sont actuellement occupés par des contractuels ou de nouvelles recrues. Beaucoup de postes de gestionnaires sont encore occupés par des agents de catégorie C. De plus, même si la politique est dorénavant de les pourvoir en B, les possibilités de requalification de C en B restent minces et n’incitent pas à attendre dans de telles conditions de travail.
  • Printemps 2022 : Désorganisation des services de toutes les divisions des élèves et de la scolarité des DSDEN. Mi- février, la loi CRPR transforme la déclaration d’IDF en autorisation préalable. Cette loi déplace donc du jour au lendemain la campagne d’IDF de l’automne au printemps. Rien n’est vraiment prêt, les injonctions sont peu précises voire contradictoires. Forcément, les décideurs ne se sont pas appuyés sur les agents qui connaissent le dossier. Quel dommage !

Le printemps fut rude pour ces services qui ont à cette époque de l’années d’autres dossiers à gérer : absentéisme, défaut d’instruction, début des affectations.

Désormais l’instruction des demandes est beaucoup plus lourde et engendre des tâches supplémentaires : aide aux familles pour la constitution du dossier plus complexe, envoi de nombreux courriers en recommandé, organisation de commissions d’examen des demandes, enquêtes récurrentes, consultation du FIJAIS, saisie dans SIECLE, élaboration d’un RAPO pour chaque recours.

Ainsi, quand le MEN crée 80 ETP d’IEN pour accompagner pédagogiquement la réforme, il est demandé aux services d’absorber la charge administrative à moyens constants, en réorganisant ou redéployant des moyens déjà insuffisants, laissant penser aux équipes que le travail mené jusqu’alors n’occupait pas la totalité de leur temps.

  • Le recrutement massif d’enseignants contractuels à la rentrée 2022 a engendré une masse de travail très importante dans les DPE et les DSDEN. Ces services connaissent actuellement une fuite des titulaires et donc un turn-over important sur les postes de gestionnaires. Ces vacances de poste, compensées par quelques nouvelles recrues titulaires et beaucoup d’agents contractuels demandent aux chefs de service et aux personnels en place beaucoup d’investissement en termes de formation qui se cumule avec la masse importante de travail. C’est une spirale infernale…

Conséquence, la situation a été si critique, que, faute de moyens administratifs, les contrats et paies des enseignants contractuels n’ont pu être faits à temps et certaines classes n’ont pas eu d’enseignants à la rentrée. De plus des retards dans la paie des nouveaux enseignants (nouvelles recrues, mutations, contractuels) ont été constatés. Faute de temps et de moyens, les personnels administratifs ont été en difficultés pour gérer toutes les urgences.

  • La politique d’inclusion des élèves en situation de handicap a entrainé également un recrutement important d’AESH. Aucun personnel administratif supplémentaire n’a été recruté pour gérer l’ensemble des tâches complexes à réaliser avec un outil obsolète. L’inclusion de certains élèves a pris du retard faute de pouvoir établir les contrats à temps. Si ce recrutement massif perdure, il ne peut se faire sans personnels administratifs supplémentaires.

Automne 2022 : préparation et bascule d’Agora à RenoiRH en concomitance avec les élections professionnelles, une aberration.

Des semaines de préparation, de vérifications. Peu ou pas de congés à Toussaint. Des horaires alourdis. Des week- ends travaillés sans assurance que partout le repos hebdomadaire ait été respecté. Une bande paie de janvier dont personne ne sait si la DGFIP pourra la réceptionner.

Et surtout, bascule faite, il va encore falloir des mois pour reprendre chaque dossier dans lesquels on constate de nombreux manques afin de récupérer tout le travail de mise à jour des agents mis en attente pendant 4 mois (nouvelles grilles indiciaires, saisies des modifications familiales, des remboursements de transport, des avancements…). Par ailleurs, le calendrier des mutations interacadémiques ayant été décalé de quelques jours, on peut aussi se demander si la validation des éléments de carrière pour les dossiers de concours, de liste d’aptitude ou d’avancement vont pouvoir se faire en temps et en heure. De nombreux collègues nous contactent car ils ne peuvent joindre leur gestionnaire. Les services de coordination paie éprouvent un sentiment d’impuissance car ils ont été parfois mis de côté. La dernière inquiétude concerne le paiement des indemnités de formation et de jury, GAIA et et Imag’In ne se déversant pas dans le SIRH. Syndicalement nous faisons tampons pour protéger ceux qui sont épuisés et désabusés. Comme l’ont déjà fait les gestionnaires des services examens et concours, bon nombre d’entre eux souhaitent obtenir leur mutation. Et nous allons assister à une nouvelle vague de postes occupés par des contractuels.

Les solutions proposées par A&I UNSA :

  • En urgence, pourvoir les postes restés vacants à la rentrée 2022 en augmentant les prochains recrutements par concours ;
  • Créer les postes nécessaires au bon fonctionnement des services les plus touchés et procurer ainsi aux personnels administratifs des conditions de travail acceptables et conformes aux exigences du service public ;
  • Mettre en œuvre une réelle formation des nouveaux personnels ou de l’ensemble des personnels lors de la mise en place de nouvelles procédures ou logiciels est indispensable et cela en amont et non pas dans l’urgence comme pour RenoiRH ;
  • Agir afin que la qualité et les conditions de vie au travail, priorité nationales réaffirmée par notre ministre lors de notre colloque ne demeure pas une simple pétition de principe ;
  • Prendre en compte l’expérience des personnels en charge des dossiers s’avère plus que judicieux avant l’application de toute décision politique. Les relations des agents avec leur employeur ne se font actuellement que de façon descendante.
  • Rémunérer plus justement les contractuels, notamment par l’octroi d’un régime indemnitaire et des possibilités plus importantes d’accès à une titularisation pour ceux qui le souhaitent.
  • De manière générale, créer les conditions d’une réelle attractivité des métiers de l’administration de l’éducation nationale dont dépendent notamment les recrutements. Le travail à poursuivre à partir du relevé de décisions doit y contribuer directement.