L’égalité c’est pour demain, ou bien?

L’égalité c’est pour demain, ou bien?

Chères et chers collègues,

C’est la journée internationale des droits des femmes. C’est le jour où nous devons nous rappeler que le premier des combats républicains est celui de l’égalité et qu’en matière d’égalité entre les genres le compte n’y est toujours pas.

Cette journée est évidemment paradoxale : lutter pour faire avancer les droits des femmes est un combat continu, quotidien. Le 8 mars est un peu devenu aussi la journée où les hommes ont mauvaise conscience et organisent leur session de rattrapage : ce soir des hommes feront la vaisselle, iront coucher les enfants et laisserons la télécommande à madame. 
Nous le formulons sur le mode de la fausse plaisanterie mais l’on voudrait aussi dire des choses plus sérieuses :  toute une génération d’hommes a désormais intégré le concept de charge mentale et tente de corriger les inégalités domestiques et familiales. C’est un début. Cela n’est pas suffisant. Tant que les femmes se verront contraintes de porter au principal la charge des enfants, que trouver une place en crèche s’apparentera à un gain au loto, l’égalité au travail restera peu évidente, les contraintes pas suffisamment partagées. Les salaires, et même maintenant la retraite : ce sont les femmes qui hélas passent à la caisse et payent une facture sociale importante…
On dit que l’amour c’est de regarder ensemble dans la même direction. L’égalité c’est pareil : elle est un horizon mais qui ne doit pas rester lointain. Nous avons réussi à envoyer des hommes et des femmes dans l’espace, nous avons pénétré les secrets de l’atome et de la relativité… et nous ne pourrions arriver sur une vie humaine à avancer plus nettement vers l’égalité ? Après le droit de vote, l’IVG et le droit à disposer de son corps, on se doit de progresser sur le chemin de l’égalité … ou alors on conclura que l’on y met franchement de la mauvaise volonté…

Ce soir, journée du 8 mars, il n’y aura pas de trêve :  des femmes subiront des violences verbales ou physiques. Dans un monde encore largement dominé par les hommes…Ce sont eux qui dictent des lois les opprimants : des hommes et pas tous les hommes mais trop d’hommes quand même. Dans une des plus vieilles démocraties du monde les droits des femmes aux États Unis reculent. La Cour suprême a laissé les États légiférer sur l’avortement fragilisant grandement ce droit. Les femmes afghanes n’ont plus le droit d’étudier depuis le retour en force des Talibans.  L’Iran et ses courageuses femmes révoltées connaît chaque jour son lot de martyres et de suppliciées pour avoir simplement revendiquée la liberté d’être femmes sans contraintes. 

Les horreurs envers les femmes ne sont pas réservées hélas aux contrées lointaines. Le dernier assassinat sauvage d’une femme laisse un corps démembré aux Buttes – Chaumont. 

Bien sûr la fiction s’empare davantage du sujet de ces femmes meurtries. La « nuit du 12 » primé aux césar 2023 traite sans tabou de la violence tragiquement ordinaire des hommes envers les femmes à travers le regard des hommes… 

Florence Porcel dans son livre « Hontes » refait la genèse de ce sentiment de culpabilité que ressentent beaucoup de femmes violées ou abusées. Et on se dit que la honte devrait changer de camp.

En lisant ces lignes beaucoup d’hommes se diront que c’est facile de faire la leçon par courriel. Très facile de bavasser. Que notre message est trop long et que vivement le 9 mars et qu’on en parle plus. 
Vous avez parfaitement raison. Il est en effet facile d’écrire un message. Mais il est est encore plus facile de se taire. De regarder ses pompes. Et de ne pas tenter de changer. 

Nous sommes convaincus tous les deux que dans un monde égalitaire nous vivrons tous vraiment mieux. Que les relations entre les sexes seront plus harmonieuses. Que l’amour sera moins vache et le bonheur plus accessible à toutes … et tous. Le 8 mars rêvons à des jours meilleurs et faisons vivre l’égalité 365 jours par an.

Bon 8 mars à toutes et tous.

Julie et Boris

A&I UNSA