Date de publication: 01 Mar 2018 Parcoursup, l’Université face à ses choix
Le gouvernement confond vitesse et précipitation et a donc enclenché la mise en œuvre de sa réforme sans attendre le vote définitif du texte. La plupart des académies ont lancé leurs « salon de l’étudiant » sans que des réponses puissent être apportées aux chefs d’établissements du supérieur, aux futurs bacheliers sur le contenu de la nouvelle plateforme d’orientation vers les études supérieures (Parcoursup).
L’objectif de ce dispositif est d’en finir avec les gros ratés de l’ancien système APB et se dispenser définitivement du recours polémique « au tirage au sort ». Nous sommes donc passés avec cette disparition d’APB du ciel bleu au brouillard avec la mise en place de Parcoursup.
Les élèves de terminale doivent inscrire sans les classer un maximum de 10 vœux, sachant que le candidat devra répondre aux fameux « attendues des universités » compétences et connaissances requises pour suivre une filière donnée. Ces attendus pour les enseignants restent généraux et trop flous pour certaines filières dans beaucoup d’universités. Les enseignants du supérieur devront avoir accès aux notes du lycéen en première et terminale, aux appréciations des professeurs et à l’avis du conseil de classe. L’ensemble de ces éléments seront contenus dans un document baptisé « Fiche Avenir ». Pierre Mathiot a remis ses propositions au gouvernement pour un nouveau Bac en 2021. Même si le SE-UNSA partage les objectifs poursuivis, il alerte, à juste titre, sur une hyperspécialisation des élèves du point de vue de Parcoursup et des possibles conséquences sur l’orientation.
Ainsi, la limitation à 10 vœux, l’absence de hiérarchisation des vœux, un calendrier de mise en place des différents dispositifs au pas de charge risquent de générer de gros dysfonctionnements, à la fois dans l’organisation des services administratifs (on imagine bien la tension dans les services de scolarité), chez les enseignants-chercheurs, chez les lycéens et leurs familles.
À ce jour, les recteurs sont chargés de répartir les enveloppes financières sans que les universités puissent connaître leurs montants, ni être au courant d’un éventuel fléchage de ces moyens. Notre inquiétude sera de savoir si, au-delà des heures complémentaires accordées, des moyens humains supplémentaires pourront être financés pour venir en aide aux personnels des services universitaires.
Si la conférence des présidents d’université (CPU) était favorable et même partie prenante de la réforme, voici que maintenant dans la dépêche de l’AEF, elle s’émeut des « méthodes » utilisées par les rectorats pour répartir entre les universités les enveloppes qui leur ont été allouées. Le président de la CPU s’étonne des différents niveaux d’avancement de la concertation suivant les académies. Dans certaines, les universités ont déjà reçu de leur recteur leur « notification » en nombre de postes équivalent temps plein et en heures complémentaires, dans d’autres académies la concertation n’a même pas encore commencé.
Certaines voix s’élèvent à ce jour parmi les enseignants-chercheurs et les personnels pour dénoncer le risque de discrimination territoriale avec d’un côté, les meilleures universités les mieux dotées en moyens qui sauront choisir les bons élèves et de l’autre, celles qui tenteront de s’en sortir.