Rapport Cazebonne :
aimez-vous la ratatouille ?

Rapport Cazebonne :
aimez-vous la ratatouille ?

Le rapport Cazebonne a été longtemps attendu. La députée des Français de l’étranger a beaucoup consulté. Elle revendique 20 000 retours sous forme de rencontres physiques ou de questionnaires. Elle a aussi beaucoup compilé. Nous retrouvons un peu du rapport Cordery Lepage et de ses devanciers notamment en ce qui concerne la recherche de nouvelles sources de financement pour le réseau. Difficile d’être original tout le temps. 

Le résultat  global qui en ressort : 147 propositions pour la réforme du réseau. C’est fort copieux en apparence.

Ne soyons pas bégueule : Rendons hommage au travail fait  malgré le retard dans la restitution d’un rapport attendu six mois auparavant :

Il y eut, entre temps, c’est vrai, l’invalidation de l’élection de Mme Cazebonne, sa réélection, la crise des gilets jaunes et surtout le retour du principe de réalité !

Loin des déclarations bravaches de la majorité du « Nouveau monde » issue des urnes qui voulait réformer au pas de charge, une prise de conscience nouvelle est apparue :

Ce réseau n’est pas si mal géré compte tenu des ambitions élevées qu’on lui fixe (et qui ont été rappelées par le Président de la République en août dernier en fixant le doublement du nombre d’élèves comme horizon) et du contexte de baisse régulière de la subvention publique et du nombre de postes pris en charge par l’Etat.


La députée recommande d’ailleurs une augmentation de 3,8 millions de la subvention publique (recommandation 99), l’assouplissement de la tutelle de Bercy sur les plafonds d’emploi (recommandation 104) ou l’ouverture du financement par l’emprunt bancaire direct (recommandation 110). Nous ne pouvons qu’être globalement d’accord sur ces points.

Mais mettre en alerte son l’esprit critique est le premier devoir de tout syndicaliste qui se respecte. Nous n’avalerons donc pas la ratatouille sans en trier les morceaux :

 Nous nous  inquiétons du fond de cuisine idéologique qui parfume amèrement le bouquet de la ratatouille: 

« L’extension du modèle du lycée français de Mexico » (proposition 100) ressemble à une provocation pimentée, quand on connait l’épisode calamiteux du passage à ce modèle qui n’en est pas un. Une ligne (au piment) rouge est donc franchie ici. 

Consulter les parents pour les renouvellements de détachement (proposition 125) suppose donc que les personnels éducatifs ne seront plus jugés par  leur hiérarchie, mais par les parents des usagers. 

On imagine les dérives démagogiques ou le populisme éducatif qu’une telle mesure pourrait engendrer. 

De la même manière le droit de veto donné aux parents sur les projets immobiliers (recommandation 115) pourrait faire des dégâts importants quand, dans les établissements à gestion directe, l’Etat perdrait ainsi la capacité stratégique de  décider de l’évolution des emprises ou de leurs extensions.

De même, proposer de réformer la gouvernance en augmentant systématiquement le rôle des parents d’élèves (très au delà de ce qu’il est en France) relève aussi d’un choix idéologique très net :

Un établissement d’éducation ne sera pas mieux géré parce que les parents co-décident de l’attribution des subventions ou de la répartition des moyens éducatifs (recommandations 121, 122, 123). Rappelons que les parents sont associés déjà à la gestion à travers les nombreuses commissions ou comités où ils sont représentés.

Pour conclure :

Nous partageons le souhait de valorisation de l’expérience des enseignants et personnels, d’une évolution de la gouvernance vers plus de transparence et d’inclusivité (en ce sens associer davantage le réseau des anciens élèves va dans le bon sens).

Nous sommes plus que sceptiques sur certaines des propositions soufflées par des idéologues de coursives qui, depuis quelques années jouent les oiseaux de mauvais augure pour faire main basse sur ce réseau ou en augmenter leur influence interne. Dommage que Mme Cazebonne ait visiblement prêté une oreille trop complaisante à ces personnes.

Nous resterons donc vigilants sur le devenir du rapport. 

Confrontés à la ratatouille, nous conserverons pour ce qui nous concerne ses éléments les plus doux et savoureux et recracherons sans état d’âme les plus amers.