Administratifs des établissements : exister demain!

Administratifs des établissements : exister demain!

Les difficultés rencontrées au quotidien par les adjoints gestionnaires dans les établissements démontrent de la nécessité de préserver les missions qui nous sont confiées. A&I UNSA revendique de meilleures conditions de travail et un plus grand respect d’un acteur incontournable.

Une conjoncture défavorable

C’est une évidence : la conjoncture ne nous a jamais été aussi défavorable. L’État amorce une suppression massive de fonctionnaires qui n’épargnera probablement pas les établissements. De nouveaux outils de travail s’annoncent, plus économes en personnels et préfigurent une transformation profonde de nos métiers. La réforme de l’organisation territoriale des services du ministère de l’Éducation nationale est engagée. Elle impactera à coup sûr la répartition d’activité entre EPLE et services. Notre employeur, lui-même, méconnaissant la réalité du terrain est persuadé que la plupart des missions dévolues antérieurement aux gestionnaires sont passées à la collectivité.

Affirmer notre utilité

Nous, nous vivons tout autre chose au quotidien. Administratifs des établissements, nous sommes le poste avancé du service public. Nous recevons les usagers les plus divers, nous répondons à leurs besoins immédiats. Il faut être sur place pour apprécier à quel point les usagers sont en demande et à quel point ils ont pris l’habitude de recevoir une oreille attentive à leurs demandes. Parents d’élèves, élèves, enseignants, tous considèrent comme naturel d’obtenir une réponse positive à leurs sollicitations.

C’est vrai, le contenu de notre mission a profondément évolué. Notre organisation interne en est le reflet. Les services se sont spécialisés avec leurs outils informatiques dédiés.

Aux uns l’expertise du suivi de la scolarité des élèves, de l’organisation des services enseignants et de l’occupation pédagogique des salles de classe. Cette administration-là, quoiqu’on en pense, s’est rapprochée de l’adjoint pédagogique ou du chef d’établissement et s’est éloignée de l’adjoint gestionnaire qui est rarement, dans les faits, le chef direct de l’administration pédagogique. Cette place, prévue dans les textes depuis 30 ans, n’a jamais pu être investie ni n’a jamais été reconnue.

Aux autres, la gestion matérielle, financière et comptable. Pour ces personnels, encadrés au quotidien par l’adjoint gestionnaire, la mission est moins connue, voire méconnue y compris par leur environnement proche. L’établissement scolaire est un lieu de vie tout autant, si ce n’est parfois plus dans l’esprit des élèves, que le lieu du face à face pédagogique. Les établissements sont comparables à des villages, des villes moyennes ou de grosses agglomérations selon leur dimension. On y trouve des espaces verts, des voies de circulation, des locaux qu’il faut entretenir au quotidien. Des lieux de restauration, de repos et parfois aussi des locaux de nuit. Des lieux dont il faut assurer la sécurité, permettre le bon usage quotidien, des locaux techniques qu’il faut maintenir en état de fonctionnement et de sécurité. Cette mission est avant tout une mission d’éducation exercée par des personnels qui sont les garants du ciment du bien vivre ensemble dans un environnement favorable. Ils préparent les espaces de travail et de vie. Les personnels techniques et les locaux sont mis à disposition de l’établissement par la collectivité mais mis en œuvre, coordonnés, optimisés au quotidien par l’adjoint gestionnaire.

Nous exerçons une mission administrative de confiance. Nous permettons à ceux qui en ont vraiment besoin de pouvoir avoir accès à leurs droits. Nous participons aussi, directement, à la survie financière de certains, qui doivent pouvoir continuer à accéder à un service public d’éducation de qualité, ciment de notre société. Nous exerçons une expertise de gestion, en optimisant et en articulant au quotidien, les moyens financiers, matériels et humains placés sous notre responsabilité. Ces-derniers subissent l’érosion du temps et de l’appauvrissement de l’action publique. Nous sommes les garants du bon usage des finances publiques et de l’efficience de leur utilisation.

Nous sommes les artisans du bien vivre au quotidien. Paradoxalement, plus nous œuvrons au confort et à la satisfaction des besoins des usagers, plus nous sommes performants, moins notre action est connue et reconnue. Qui s’intéresse à la méthode, quand il est satisfait du résultat ?

Le fond du problème est notre réelle humilité face au quotidien. Nous avançons, parfois dans la douleur, mais toujours en silence. Notre employeur pense que nous sommes peu utiles ? Il n’a aucune idée de la profondeur de notre engagement. Nous ne sommes plus utiles ? Que pouvons nous donc bien faire 50 heures par semaine, payées 35 ? Pour les cadres, pas d’annualisation du temps de travail. Il faut assurer, en dehors même du cadre du code du travail en termes d’amplitude de travail.

Les heures supplémentaires ? Nous ne les comptons pas. Tant mieux, parce que notre employeur ne les compte pas non plus.

Notre rémunération ? Non seulement nous perdons du pouvoir d’achat, mais nos heures supplémentaires ne sont pas payées et notre régime indemnitaire nous fait honte. Il est d’ailleurs divisé par deux en établissement.

Une seule issue : nous faire connaître et nous faire reconnaître comme un maillon nécessaire à la réussite de l’élève au même titre que les autres acteurs, les pédagogues.

Exister demain

Demain, nous voulons continuer à exister et à assurer nos missions. D’abord parce que nous avons, comme tout le monde, la farouche volonté de conserver notre emploi, sans avoir « à traverser la rue… » Ensuite parce que nous contribuons pleinement à l’éducation de l’élève citoyen. Et que cette priorité citoyenne a du sens pour tous, quel que soit son lieu d’affectation ou sa catégorie.

Notre syndicat s’est fixé une ambition : nous allons continuer à exister.

Le chemin sera rude : nous allons probablement vivre des changements radicaux dans notre mode d’organisation, dans notre environnement de travail ou dans le contenu de notre mission. Mais nous revendiquons la continuité de la mission de service public : demain, nous saurons nous adapter et répondre aux nouveaux besoins des usagers. C’est votre volonté sans faille à poursuivre la mission et l’évidence de notre utilité qui fera notre force à tous, celle de votre syndicat, le syndicat des gens utiles.