AEFE, revue d’effectif et rentrée dense

AEFE, revue d’effectif et rentrée dense

Alors que le réseau AEFE est à la veille d’annonces de réformes importantes – elles sont attendues pour la fin de l’année – il nous a semblé important de pouvoir faire le point de rentrée à la fois avec la direction de l’agence, mais aussi avec les acteurs de terrain en nous rendant en mission de trois jours en Tunisie. Enfin, l’audience avec Mme la députée Samatha Cazebonne, qui est missionnée pour réfléchir sur la mobilité dans le réseau d’enseignement éducatif extérieur, a conclu une séquence très riche et complète qui se poursuivra en novembre par des déplacements à Munich et à Varsovie dans la perspective des élections professionnelles du 6 décembre.

L’échange avec le directeur de l’AEFE, Christophe Bouchard, assisté de toute l’équipe de direction de l’agence, le 11 septembre, a permis un tour d’horizon général pour constater l’attractivité d’un réseau qui reste très recherché. Avec une croissance générale des effectifs de 1,8% pour l’année écoulée, elle reste claire mais connait des disparités nettes. Elle est essentiellement due aux établissements partenaires, connait un fort dynamisme dans les pays du Maghreb, mais aussi un tassement dans les pays où la démographie des communautés françaises marque le pas (ainsi à Pondichéry en Inde, au Vénézuela et en Iran, mais aussi dans une moindre mesure à Londres).

Attirer de nouveaux publics

L’objectif de la réforme dont les grandes lignes ont été rappelées par le Président Macron à la conférence des ambassadeurs fin août, pourrait passer, pour la direction, par un assouplissement des conditions d’homologation sans toutefois remettre en cause la qualité de nos enseignements. La vision trop « malthusienne » de la DGESCO aujourd’hui a ainsi été pointée du doigt. Nous avons réaffirmé notre attachement au service public d’éducation à l’étranger, montré notre ouverture sur la question de la mobilité dès lors que des garanties étaient obtenues sur le statut des personnels.

En Tunisie

Nous avons regretté le paradoxe local d’établissements hyper recherchés et qui gardent un prestige considérable (les lycées Flaubert et Pierre Mendès France affichent complets) mais qui ont du mal à faire face à la dévaluation du Dinar face à l’euro et à l’inflation locale. Ces dernières amputent le pouvoir d’achat des agents de recrutement local payés en Dinar et alourdissent le budget des établissements qui payent, par exemple, la CFE (Caisse des français à l’étranger) pour leurs agents en euros. Par ailleurs, la non convertibilité du Dinar en Euro créé des difficultés majeures pour « remonter » une partie de la trésorerie vers l’agence alors qu’un véritable « trésor de guerre » en Dinar est bloqué localement. Aucune solution n’apparait aujourd’hui sur ce sujet qui met les établissements « dans le rouge » en gestion malgré leurs bonnes performances éducatives et leur attractivité.  Un plan de sauvetage est ainsi envisagé à Pierre Mendès France qui passerait par un doublement des frais d’inscription et une réduction forte des frais de fonctionnement. Autant d’éléments qui nous inquiètent.

Face aux restructurations immobilières au lycée Flaubert (relocalisation sur le site principal d’une annexe) au projet de reconstruction à Pierre Mendès France, les équipes locales sont mobilisées fortement, d’autant qu’une expérimentation budgétaire comptable est également menée pour une agence comptable regroupant les deux établissements. Deux secrétaires généraux feraient fonction d’adjoints administratifs et financiers, à compter de la rentrée 2019. Nous avons entendu les inquiétudes des personnels administratifs et comptables de Flaubert qui vivent assez mal cette réorganisation forcée. Nous y voyons, certes, l’opportunité de créer des postes d’expatriés supplémentaires (l’expérimentation pourrait essaimer ensuite au Maroc et en Italie) grâce aux postes de secrétaires généraux créés. Mais nous souhaitons que les conditions de travail et d’emploi des agents de recrutement local soient parfaitement préservées.  Inquiétude aussi pour les personnels de l’école française Robert Desnos, et notamment les assistantes maternelles qui connaissent une grande diversité de statut (Statut de « Montpellier » ou statut local), fruit de la stratification des situations individuelles avec le temps. Notre principal mot d’ordre a été celui de la transparence des rémunérations et primes pour ensuite pouvoir réajuster, dans un premier temps, les situations les plus injustes.

Les audiences

Face à l’Ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor, nous avons relayé les préoccupations des personnels enseignants comme des administratifs, ouvriers et de service face à la dégradation du pouvoir d’achat. Nous avons demandé et obtenu, sur le principe, la création d’un groupe de travail dédié aux personnels administratifs au sein duquel sera notamment discuté de la réorganisation comptable. Avec l’arrivée d’un nouveau COCAC (conseiller de coopération et d’action culturelle) adjoint localement, le dialogue social devrait être relancé.

Enfin, l’audience avec Mme Cazebonne a montré que la piste de l’assouplissement de l’homologation des établissements par la DGESCO tenait la route comme principale réforme envisageable. Nous nous sommes cependant étonnés de la méthode qui a consisté à publier « une note de service sur la mobilité » en septembre par le ministère de l’Éducation nationale, sans qu’aucune concertation avec les organisations syndicales n’aient eu lieu. Le ministère des Affaires étrangères et le MEN semblent avoir du mal à communiquer et cette mesure mobilité aurait dû s’inscrire dans le « paquet global » de la réforme au lieu d’être annoncée à la va-vite.

Cette note modifie les conditions d’emploi des personnels résidents pour les « nouveaux entrants » dans le réseau. Sur le principe nous ne sommes pas défavorables à une limitation à six ans des contrats des personnels résidents, si et seulement si nous gagnons en perspectives positives pour ce qui concerne la planification générale des effectifs de détachés à l’étranger. Ceci permettra peut-être d’éviter des refus de renouvellement de détachement pour certains collègues. Nous restons cependant vigilants sur ce sujet comme sur celui de la nécessaire harmonisation progressive des rémunérations et des situations locales dans un réseau où la diversité statutaire est trop souvent la règle.