L’abandon de SIRHEN ou l’histoire d’un fiasco informatique de l’État

L’abandon de SIRHEN ou l’histoire d’un fiasco informatique de l’État

Lancé en 2007, le programme SIRHEN (système d’information des ressources humaines de l’Éducation nationale) était chargé d’automatiser la gestion des ressources humaines : recrutement, formation, gestion des carrières…

Toutes les applications de gestion RH devaient être regroupées en 1 seule.

Le ministre Jean-Michel Blanquer a donc décidé en juillet dernier d’arrêter les frais d’une gabegie estimée à plus de 320 millions d’euros pour un programme qui ne devait en coûter au départ qu’environ 60, avec une mise en fonction effective en 2012.

Pour Jean-Michel Blanquer : « Il apparaît clairement que le programme Sirhen n’est pas parfaitement adapté aux enjeux de gestion des ressources humaines et technologiques d’aujourd’hui ».

SIRHEN va donc rejoindre au cimetière les projets Louvois (défense nationale) et l’opérateur national de paye (Bercy).

Entre sous-estimation des coûts, problèmes de gouvernance et succession d’équipes ministérielles, un programme de refondation a été lancé en 2016 avec l’accord de la DINSIC (direction interministérielle des systèmes d’information et de communication de l’État).

La cour des comptes avait signalé en 2015 que la complexité du projet avait été sous-estimée et avait entraîné une dérive budgétaire.

En 2017, un arrêt du projet a été envisagé puis réorienté vers un périmètre de déploiement plus limité, réservé uniquement aux enseignants du premier degré tout en favorisant un développement au maximum en interne pour limiter la sous-traitance à outrance.

En juillet 2018, la DINSIC a estimé que la trajectoire validée en 2016 ne serait pas respectée tant en termes de calendrier que de financement. Elle a alors considéré que le programme n’était pas en capacité d’aboutir sans un changement profond et préconise une réorientation substantielle.

Reste donc en question le devenir des 14 000 personnels de direction et des 4 000 inspecteurs actuellement gérés par le programme SIRHEN. Comme vous le voyez, nous étions très loin des 850 000 personnels qui devaient être gérés par ce SIRH.

Les propositions de la DINSIC seraient la conception d’un système autour du dossier des agents et qui serait une plateforme RH ouverte. Le nouveau système de gestion devrait s’adapter pour placer l’agent au cœur du système RH. Une nouvelle aventure commence…

A&I UNSA sera très vigilant quant au devenir des personnels administratifs mobilisés par SIRHEN.

Un audit privé lancé par la DINSIC doit définir les modalités de la maintenabilité des anciens systèmes d’information (EPP, AGAPE,…) et donner une nouvelle trajectoire ainsi que de nouvelles modalités d’organisation et identifier les modules à réutiliser dans le cadre de la nouvelle architecture.