Qualité de vie et conditions de travail dans les services : des mots, toujours des mots, encore des maux…

Qualité de vie et conditions de travail dans les services : des mots, toujours des mots, encore des maux…

Lire l’article au format Pdf.

Pour obtenir des avancées, il faut partir de constats et donc du terrain. Le témoignage de l’un de nos coordonnateur académique « services » A&I UNSA est révélateur des conditions de travail des personnels des services en cette rentrée 2022 :

« A partir du 10 septembre, les opérations de rentrée assurées par les « invisibles » sont terminées, le téléphone ne cesse de sonner. Au bout du fil, des collègues déjà épuisés faisant état d’une charge de travail toujours plus importante, des postes évaporés pendant l’été, des demandes de télétravail rejetées laissant un goût amer.

Il fallait faire vite et aller à la rencontre des collègues aux quatre coins de l’académie. La première visite, hier, fut sans appel : souffrance, sentiment d’injustice et de non-reconnaissance.

Au fil des années, moins d’ETP, des portes-feuilles plus importants, une complexité accrue dans la réglementation, des outils toujours plus obsolètes qui génèrent des erreurs.

La hiérarchie parfois reconnait l’investissement des agents, mais en parallèle prend des décisions individuelles qui n’engendrent que sentiment d’injustice, d’incompréhension. Les personnels sont désabusés, voire en situation de grande souffrance. Des services soudés, soudain, volent en éclats.

Comment accepter que la circulaire académique télétravail ne soient pas appliquée de la même façon dans les différentes structures ? Est-il logique que certains voient leur nombre de jours de télétravail octroyé diminué d’une année sur l’autre sans réelle explication et surtout lorsque l’entretien d’évaluation met en évidence la qualité du travail ?

Que faire ? Accepter sans broncher la proposition du supérieur hiérarchique ou insister pour obtenir ce que l’on souhaite ? Déposer un recours en CAPA, au risque de se le voir reprocher quotidiennement ? Pas facile de faire valoir ses droits.

Pire, certains baissent les bras : « Cela a toujours été comme cela, rien ne change. Mais en effet, la situation empire. Il n’y a jamais rien de fait malgré nos remontées… »

Représentante syndicale depuis de nombreuses années, la visite d’hier fut rude. Tous les personnels sont d’accord sur une chose, cette dernière rentrée a été plus difficile que les précédentes qui pourtant s’étaient déroulées dans une situation sanitaire particulière.

Cette détresse et le désarroi de mes collègues ne m’ont jamais autant bousculé. Il est grand temps qu’ils soient entendus.

Demain, visite du rectorat, … »

En tant que secrétaire nationale, j’ai choisi de publier ce témoignage « sous X », non pas à la demande de son auteur qui l’assume parfaitement, mais parce qu’il ne s’agit pas de stigmatiser une académie en particulier. Cette situation catastrophique est générale.

Lors du dernier « Groupe de travail A&I UNSA  Services » du 13 septembre dernier, auquel étaient représentées plus d’une douzaine d’académies, le constat a été unanime : la charge de travail est toujours croissante. Les circulaires académiques télétravail, qui ne respectent souvent pas celle de la fonction publique, ne sont pas appliquées de la même façon sur un même territoire. Certains chefs de services édictent leurs propres règles, toujours plus restrictives et injustifiées, mettent une pression sur les agents pour qu’ils se plient à leurs désirs et non pas à leurs propres souhaits. Pourquoi ici les secrétaires de circonscription sont complètement exclus de la campagne de télétravail, alors que là certains ont 3 jours ? Les missions sont-elles si différentes d’un endroit à l’autre ? Les iniquités flagrantes ne sont plus tolérables et tolérées.

Beaucoup de nos collègues subissent en services un « management par la peur ». Cette peur, parfois fantasmée, est malheureusement, souvent, bien réelle. Elle peut être exercée sur n’importe quel personnel, mais aussi régulièrement sur nos propres représentants. La politique du « pas de vague » engendre la peur de ne pas obtenir de promotion, de ne pas avoir un renouvellement de contrat…

Comment ne pas fuir cet environnement aussi anxiogène et néfaste pour préserver sa santé ? Nous avons précédemment assisté à une fuite des personnels exerçant dans les divisions d’examens et concours où aujourd’hui, bon nombre de postes sont occupés par des personnels contractuels, les titulaires ayant trouvé une issue ailleurs. Aujourd’hui c’est au tour des gestionnaires de paie de fuir.

Lors d’un Groupe de travail ministériel concernant l’évolution des SIRH, les syndicats ont fait remarquer à l’administration cette désertion. La réponse technique a été trouvée : des fiches de procédures plus complètes afin que n’importe quel personnel puisse effectuer ces missions au pied levé. Cela permettra certainement de faire fonctionner la machine « Education nationale », mais où est la politique RH qui se dit de proximité ?

Il est important que les personnels des services sachent que les militants A&I UNSA sont présents pour les soutenir dans les instances, mais aussi sur des problématiques individuelles. Ils sont présents pour les aider à sortir la tête de l’eau avant l’asphyxie.

Il est important de ne pas rester seul, nos collègues ne doivent pas hésiter à se rapprocher des représentants A&I UNSA afin d’être accompagnés dans leurs demandes et recours.

Les élus UNSA Education des CT et CHS ne manqueront pas de faire mettre à l’ordre du jour toutes les problématiques rencontrées les personnels.

Des décisions ministérielles doivent être prises dès aujourd’hui. La sous-administration de notre ministère est reconnue.

Pour A&I UNSA, le confiance et l’engagement du Président de la République ne suffisent pas.

A&I UNSA réclame la création de postes afin de donner aux personnels administratifs la possibilité de remplir leurs missions dans des conditions acceptables et ainsi assurer un réel service public.

Virginie BRUN

Secrétaire nationale A&I UNSA en charge du secteur Services ministériels et déconcentrés