« Un ministère d’opérateurs avec des établissements autonomes ». Bienvenue au MESRI

« Un ministère d’opérateurs avec des établissements autonomes ». Bienvenue au MESRI

Audience avec le cabinet du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Mercredi 10 juin 2020, une délégation de l’UNSA Éducation conduite par Frédéric Marchand et Morgane Verviers (avec Martine Samama d’UNSA ITRF Bi.O, Jean-Pascal Simon de Sup’Recherche UNSA et Philippe Mesnier d’A&I UNSA) devait être reçue en visio par M. Saïb, nouveau directeur de cabinet de Mme Vidal, ministre de l’enseignement supérieur.

En lieu et place de M. Saïb, nous avons rencontré le directeur adjoint de cabinet M. Cerqueira, qui aura fini par excuser le directeur retenu par la ministre.

Dans son introduction, Frédéric Marchand a rappelé nos positions et regretté qu’il n’y ait eu aucun CTMESR pendant la période de confinement, alors que de son côté l’éducation nationale a continué à tenir des réunions du comité technique ministériel en visio. Morgane Verviers, de son côté, a évoqué les problématiques liées à la période de fermeture des universités et à la prochaine rentrée universitaire.

M. Cerqueira n’avait aucune réponse ni d’explications à nous fournir sur le fait qu’il n’y ait pas eu la tenue de cette instance, bref il ne savait pas mais allait se renseigner. Il nous a expliqué que le directeur de cabinet et lui venaient d’être nommés d’où son manque d’explications. Cela est un peu court car il n’y a pas eu de changement de ministre et on pouvait s’attendre à ce que la ministre en poste depuis mai 2017 et cheffe d’une administration continue de la faire fonctionner, quelles que soient les vicissitudes de changements de collaborateurs de cabinet.

Frédéric Marchand s’est également fait l’écho d’une lettre de la ministre aux présidents d’établissements d’enseignement supérieur et aux recteurs où elle lance un « appel à propositions » pour améliorer « les capacités à agir  des établissements de l’ESR » en précisant : « vous avez sans doute identifié des difficultés liées à des normes législatives et réglementaires inadaptées, au caractère trop restreint de votre autonomie ou de vos compétences, à l’inadéquation de procédures qui vous sont imposées ».

Le secrétaire général de notre fédération a fait part de l’inquiétude de l’UNSA Éducation dans cette volonté ministérielle d’encore plus d’autonomie depuis la LRU de 2007.

Dans sa réponse, le directeur adjoint de cabinet a cru bon de préciser qu’il n’est « ni enseignant-chercheur, ni fonctionnaire » et que la situation est complexe dans un « ministère d’opérateurs avec des établissements autonomes ».

« Comprenne qui pourra » aurait dit le poète, pour notre part nous comprenons que ces établissements seront de plus en plus autonomes jusqu’à devenir des collectivités sans territoire ?

M. Cerqueira fut plus disert sur le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche ou LPPR.

En termes d’annonces concrètes, nous avons noté avec satisfaction que le collectif budgétaire adopté en conseil des ministres permettra de compenser les pertes financières des CROUS durant la crise sanitaire. Avec Martine Samama, nous avons rappelé les conditions de travail des Biatss durant cette période, dans les différents établissements de l’ESR.

La LPPR, loi fort ambitieuse pour la recherche selon le directeur adjoint de cabinet puisqu’il faut remonter selon lui …sic transit… au général de Gaulle pour trouver autant de millions mis sur la table, ne concerne pas directement les personnels de l’AENES, qu’il s’agisse des modalités statutaires ou indemnitaires.

Nous avons abordé la situation des 17 000 personnels de l’AENES qui exercent dans les universités, CROUS et grands établissements d’enseignement supérieur en rappelant à M. Cerqueira la lettre adressée par A&I UNSA à Mme Vidal le 11 février dernier, lui demandant d’ouvrir également un dialogue dans le cadre d’un programme de travail comme l’a fait le ministre de l’éducation nationale en janvier 2020.

 Ce programme de travail pourrait porter sur le RIFSEEP, les requalifications et la place d’une administration générale de qualité au service des étudiants.

La ministre nous a fait savoir en mars qu’elle chargeait le directeur général des ressources humaines de suivre ce dossier. M. Cerqueira a dit qu’il notait notre demande que le DGRH puisse se prévaloir d’instructions du cabinet pour ouvrir un GT sur ces questions.

Cette audience aura portée surtout sur l’actualité du moment avec le projet de loi LPPR. Il s’est agi d’une première prise de contact et il nous faudra, y compris, en bilatérale, revenir sur notre exigence de considération et de revalorisation pour les personnels administratifs de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur.

Philippe Mesnier
Secrétaire général adjoint A&I UNSA